Histoire

article | Temps de Lecture4 min

Marguerite d’Autriche ou l’amour éternel

Photo de la galerie du premier cloître du monastère royal de Brou, avec au loin l'hologramme de Marguerite d'Autriche

Le monastère royal de Brou ne peut être compris sans la personnalité de sa fondatrice, Marguerite d’Autriche (1480-1530). Découvrez son histoire romanesque marquée par les tragédies, la politique, l’amour et l’art.

Un destin tourmenté

1504.
Une femme de 24 ans subit la mort de son troisième mari, Philibert le Beau, un époux qu’elle chérissait. Cette jeune femme au cœur brisé, c’est Marguerite d’Autriche.


Marguerite d’Autriche est la fille de Maximilien Ier, empereur du Saint-Empire romain germanique, et de Marie de Bourgogne, dernière héritière des Grands ducs d’Occident  . Au cœur de tractations diplomatiques, le début de sa vie est marqué par les malheurs.

À deux ans, elle perd sa mère qui chute de cheval. Elle est mariée à trois ans par son père au Dauphin, le futur roi de France Charles VIII, qui finit par la répudier dix ans plus tard. Remariée à 17 ans à l’Infant d’Espagne, elle devient veuve après quelques mois et perd l’enfant qu’elle portait.
 

Après avoir été promise reine de France, puis reine d’Espagne, Marguerite d’Autriche devient duchesse de Savoie lors d’une troisième alliance. Elle vit avec Philibert le Beau, duc de Savoie, une parenthèse enchantée. 

Mais ce bonheur s’achève lorsque le jeune duc meurt brutalement. Pour surmonter son deuil, Marguerite d’Autriche décide de lancer la construction du  monastère royal de Brou . Contre l’avis de tous  , elle impose ce nouveau chantier et obtient l’aval du pape.

D’abord édifié en l’honneur de son époux bien-aimé, elle décide quelques années plus tard d’y reposer également. L’église abrite ainsi trois  somptueux tombeaux  : un pour Philibert, un pour la mère de Philibert et un pour Marguerite d’Autriche.

Portrait de Marguerite d’Autriche, peinte par Bernard Van Orley (vers 1515-1518), exposé dans les collections du musée des Beaux-Arts
Portrait de Marguerite d’Autriche, de Bernard Van Orley (vers 1515-1518), exposé dans les collections du musée des Beaux-Arts

© Hugo Maertens

Une femme influente

Si le début de sa vie s’apparente à celui d’une « princesse pas de chance », Marguerite d’Autriche fait de ces épreuves une force et devient une femme puissante


Refusant de se remarier, elle préfère rester fidèle à son défunt mari et bénéficie donc de l’indépendance des veuves. Elle élève ses nièces et neveux, dont le futur empereur Charles Quint, qui la nomme régente des Pays-Bas

Marguerite d’Autriche joue un rôle diplomatique clé dans la construction de l’Europe. « Autrice de paix », elle pacifie les relations entre l’Empire et la France, assurant la prospérité de ses territoires. 

C’est elle qui négocie le traité de Cambrai en 1529, appelé « la paix des Dames », mettant fin à quinze ans de guerre entre ses deux neveux, Charles Quint et François Ier. Femme politique puissante, Marguerite d’Autriche est aussi l’une des plus grandes collectionneuses d’art de son temps. 


Occupée jusqu’à sa mort en 1530 par sa position influente, Marguerite d’Autriche n’a jamais vu de ses yeux le monastère de Brou achevé, bien qu’elle en ait suivi la construction à distance dans les moindres détails. Sa devise « Fortune infortune fort une », qui signifie « Le destin tourmente beaucoup une femme », demeure gravée sur son tombeau. 

En parcourant l’église, vous remarquerez aussi les lettres P&M entrelacées, sculptées partout dans la pierre, symbole éternel de l’amour qui a fondé le monastère
 

Photo du Gisant du tombeau de Marguerite d’Autriche, dans l’église du monastère royal de Brou
Gisant du tombeau de Marguerite d’Autriche, dans l’église du monastère royal de Brou

© Franck Paubel

Dans les pas de Marguerite !

Tout au long de votre  visite , vous découvrirez des œuvres liées à l’histoire de Marguerite d’Autriche pour mieux comprendre son destin singulier. Dans les anciens appartements où elle avait prévu de se retirer pour finir ses jours, vous êtes invités à rencontrer la fondatrice du monastère en suivant les trois thèmes représentatifs de sa vie : l’amour, le pouvoir et l’art

Photo du portail sainte Monique, entre le premier cloître et l’église du monastère royal de Brou
Le portail sainte Monique, entre le premier cloître et l’église du monastère royal de Brou

© Laurence Danière

à découvrir aussi