Incontournable
article | Temps de Lecture5 min
Incontournable
article | Temps de Lecture5 min
Au monastère royal de Brou, ce ne sont pas un, ni deux, mais trois cloîtres que vous arpenterez ! Il s’agit d’un exemple unique en France.
Sur plus de 4 000 mètres carrés, vous pourrez parcourir leurs galeries basses et hautes, et être étonnés par leurs ambiances si contrastées. Destinés respectivement aux hôtes, aux moines et aux commis , ils sont en fait le reflet de l’organisation de la société médiévale et de l’Ancien Régime. Trois cloîtres pour trois ordres : noblesse, clergé et tiers état.
C’est le premier à être construit. Transition avec le monde extérieur, il tire son nom du bâtiment des hôtes qui le surplombe.
C’est dans ces appartements que Marguerite d’Autriche et ses dames d’honneur devaient séjourner, ainsi que leurs domestiques au rez-de-chaussée.
Reconnaissable au puits et au magnifique magnolia étoilé du Japon installés au centre, il permet de rejoindre l’église par le portail Sainte Monique.
Sur votre parcours, admirez les voûtes d’ogives et amusez-vous à reconnaître les culots sculptés : anges, moines, animaux fantastiques, feuillages ou encore écus peuplent les quatre galeries du rez-de-chaussée !
Vous y trouverez aussi des éléments architecturaux déposés au fil des restaurations de l’édifice. Sur la galerie haute du cloître des hôtes, vous remarquerez aussi le plafond à la française, avec poutres apparentes.
Le deuxième cloître est le plus grand des trois. Il incarne parfaitement l’ampleur des bâtiments du monastère, que Marguerite d’Autriche voulait monumentale.
Aussi appelé cloître de la déambulation, c’est ici que les moines venaient méditer en se promenant sous les galeries. Les sept arcades ouvertes dans chaque galerie invitaient les moines à la méditation sur les sept vertus, les sept péchés capitaux, les sept sacrements ou les sept jours de la semaine.
Plus austère, vous pourrez admirer son style gothique avec arcades, galeries voûtées d’ogives et toits pentus couverts de tuiles plates. Comme dans le premier cloître, les retombées des arcs des voûtes se terminent par des culots sculptés.
Ce troisième cloître, dit des commis , est réservé à toutes les fonctions liées à la vie quotidienne des moines.
Pavé de galets, avec son puits couvert, il est d’aspect beaucoup plus simple, et typiquement bressan. Il comporte trois galeries hautes et basses, appuyées sur le bâtiment des moines qui le sépare du second cloître.
C’est ici qu’on retrouve le réfectoire, les cuisines, le chauffoir mais aussi les fours, la procure , la cave à vin, une chambre pour les domestiques, l’infirmerie et même une prison.
Au sud, la porte cochère menait autrefois aux champs environnants : c’est par là qu’entraient les charriots remplis des récoltes du potager, des fermes et des granges dépendantes du monastère.
Au fond du deuxième cloître, vous découvrirez deux œuvres de l’artiste Richard Serra. En 1985, ce grand sculpteur américain crée deux blocs d’acier forgé pour ses galeries, intitulés Marguerite et Philibert. Pesant respectivement 7,5 et 8,5 tonnes, leur titre mais aussi leur aspect massif contraste avec les tombeaux finement sculptés de l’église.
Dans le troisième cloître, vous pourrez ici aussi observer des œuvres d’art contemporain évoquant l’esprit des lieux. Les quatre stèles du sculpteur allemand Ulrich Rückriem évoquent le souvenir des prieurs de Brou enterrés dans l’église.
La série Anthropocène, témoins, réalisée par Jérémy Gobé spécialement pour le monastère royal de Brou en 2019 évoque les décors vermiculés
de la Renaissance et les formes élémentaires de l'architecture, tout en questionnant l’impact des humains sur la nature.