Histoire

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Histoire du monument

Le monastère royal de Brou vu du ciel

Il y a cinq siècles, le monastère royal de Brou est né grâce à l’audace et la volonté d’une princesse exceptionnelle, Marguerite d’Autriche. C’est par amour pour son mari Philibert le Beau, disparu soudainement, qu’elle le fait construire. Plongez avec nous dans l’histoire de ce monument exceptionnel !

Le projet d'une femme exceptionnelle

Après un début de vie marqué par de grandes espérances déçues et des deuils,  Marguerite d’Autriche  trouve l'amour en 1501 lors de son mariage avec Philibert le Beau. 

Mais son bonheur est de courte durée : trois ans seulement après leur union, celui-ci décède brusquement. 

Inconsolable, Marguerite d’Autriche décide d’ériger en son honneur un superbe mausolée. Le futur monastère devra abriter trois  somptueux tombeaux  : un pour Philibert, un pour la mère de celui-ci, et un pour elle-même.

Angelots et gisant du tombeau de Philibert le Beau
Angelots et gisant du tombeau de Philibert le Beau

© Franck Paubel

Un chantier mené en un temps record

Marguerite d’Autriche pose la première pierre le 28 août 1506

Le chantier débute par les trois cloîtres, qui sont achevés seulement 7 ans plus tard, en 1513. La construction de l’église, elle, démarre en 1512.

Dirigeant les travaux depuis Malines  , la régente des Pays-Bas, également comtesse de Bourgogne   et duchesse de Savoie, consacre une grande partie de sa fortune à la construction de l’édifice. 

Elle souhaite ce qu’il y a de mieux : artistes, artisans et matériaux viennent de toute l’Europe, les plans s’inspirent de la splendeur de l’ architecture  flamande du XVIe siècle. 

 

Marguerite d’Autriche décède en 1530, deux ans avant la fin des travaux. En 1532, elle est inhumée au monastère royal de Brou aux côtés de son époux. Occupée à Malines depuis le début de la construction du monument, elle n’est jamais revenue à Brou de son vivant. 
 

Maquette du chantier de construction du monastère royal de Brou
Maquette représentant le chantier de construction du monastère royal de Brou

© Jean-Christophe Ballot

CINQ SIÈCLES D’ACTIVITÉS HUMAINES

La vocation première du monastère est la spiritualité : il est occupé par des moines Augustins  , qui prient pour les princes enterrés dans l’église. Pendant plus d’un siècle, ce sont des Augustins venus de Lombardie en Italie qui occupent les lieux. Ils sont remplacés par des moines Augustins de France en 1659  . C’est à ce moment-là que le monastère de Brou, désormais placé sous la protection du roi de France, prend le titre de royal

À la Révolution française en 1789, les religieux sont chassés du monastère. Sauvé de la démolition en 1791 grâce à la conviction d’un député local, le monument est inscrit comme bien à conserver aux frais de la nation, près de cinquante ans avant la première liste des monuments historiques. Il devient tour à tour une prison pour prêtres réfractaires  , une caserne de cavalerie, un dépôt de mendicité et un hospice d’aliénés

En 1823, le monastère royal de Brou redevient un lieu de culte lors de l’installation du grand séminaire diocésain. La communauté occupe le monastère pendant près d’un siècle, comptant jusqu’à 142 séminaristes. 

C’est en 1906, un an après la loi de séparation de l’Église et de l’État, qu’ils quittent le monument. Le monastère perd définitivement sa fonction religieuse. 
 

Le chevet du monastère royal de Brou vu du ciel
Le chevet du monastère royal de Brou vu du ciel

© Franck Paubel

Un lieu culturel depuis plus de 100 ans

Au début du XXe siècle, le monastère royal de Brou est ouvert au public et transformé en lieu culturel. 

Il devient celui que l’on connaît aujourd’hui avec l’installation du  musée  municipal en 1922. Ses collections de peintures, sculptures et arts décoratifs permettent de découvrir plus de cinq siècles d’histoire de l’art, du Moyen Âge jusqu’à la création contemporaine… 

Élu « monument préféré des Français » en 2014, le monastère royal de Brou est un lieu où se mêlent les cultures et les arts depuis le XVIe siècle. Ce site unique de patrimoine et d’histoire est aujourd’hui un lieu culturel à part entière. 

Entièrement réaménagé en 2018 et 2022, le parcours de visite offre un dialogue permanent entre le monument, les œuvres exposées et la figure féminine de sa fondatrice. 

À la croisée des arts plastiques, visuels, littéraires, des arts de la scène, de la musique et de l’architecture, le monastère donne vie à une  programmation vivante et inattendue, toute l’année, pour petits et grands.

C’est un lieu qui se découvre et se redécouvre, car la  visite  est chaque fois différente avec, toujours, cette sensation d’audace et de nouveauté !
 

Famille visitant le monastère royal de Brou
Famille qui visite le monastère royal de Brou

© Marine Bontemps

Aux origines de Brou

Le secteur de Brou est l’un des plus anciens quartiers de la ville de Bourg-en-Bresse. Sur le site du monastère existaient à l’époque gallo-romaine un temple et un village de potiers. 

À l’époque mérovingienne, ce site reçoit une vocation funéraire et accueille une nécropole    burgonde  . Un petit prieuré   bénédictin y aurait été fondé vers l’an Mil par l’évêque de Mâcon saint Gérard. 

C’est sans doute au XIIe siècle qu’est édifiée une église à la fois paroissiale   et prieurale  , dédiée à saint Pierre. Elle est reconstruite et agrandie au XVe siècle, avant d’être rasée au début du XVIe siècle pour laisser place à l’église actuelle. De cette église du prieuré, il reste quelques vestiges architecturaux, une statue de saint Pierre et deux ensembles de stalles : vous pourrez les découvrir dans le premier cloître et la salle capitulaire du cloître des moines. 

Pour favoriser la guérison de son époux, Marguerite de Bourbon, la mère de Philibert le Beau, avait fait le vœu de restaurer le prieuré, sans pouvoir l’accomplir. C’est ce vœu que Marguerite d’Autriche a repris à son compte. Mais fille et tante d’empereur elle-même inhumée ici, elle l’a réalisé d’une manière particulièrement ambitieuse

Le portail ouest de l'église du monastère royal de Brou
Façade nord de l'église du monastère royal de Brou

© Jean-Luc Paillé

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