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Gustave Doré, un artiste génial au monastère

Tableau Paysage d’Écosse de Gustave Doré, conservé dans les collections du musée des Beaux-Arts

Le musée des Beaux-Arts du monastère royal de Brou conserve l’un des fonds les plus importants de Gustave Doré. Grand illustrateur du XIXe siècle, également peintre et sculpteur, vous connaissez certainement son univers !

UN JEUNE PRODIGE, GÉNIAL ET PROLIFIQUE

Louis-Auguste-Gustave Doré naît à Strasbourg en 1832. Dès l’âge de cinq ans, il commence à tenir un crayon et illustre ses lettres et cahiers d'écolier. 

C’est à l’âge de onze ans que sa famille s’installe à Bourg-en-Bresse, où il fait une partie de sa scolarité au collège. À treize ans, il publie ses premières lithographies   avec un imprimeur local. Pendant cette période, Gustave Doré produit de nombreux dessins : il saisit sur le vif la vie quotidienne à Bourg et dans la région. En 1847, il rejoint Paris pour démarrer sa carrière d'illustrateur.


Gustave Doré devient très jeune un caricaturiste et illustrateur recherché. Sa production jusqu'à sa mort est torrentielle. Sa notoriété se construit grâce à ses illustrations de plusieurs ouvrages, diffusés dans toute l’Europe : les Œuvres de Rabelais (en 1854, il n’a que 22 ans !), Don Quichotte de Cervantès (1863), La Sainte Bible (1866), La Divine Comédie de Dante Alighieri (1861-1868). 

Connu mondialement comme illustrateur, il est aussi peintre et sculpteur. Toutefois, si la peinture prend une place de plus en plus importante dans son esprit et dans son travail, ses toiles ne sont pas reconnues par la critique en France. C'est outre-Manche et outre-Atlantique qu'il rencontre le succès.


En 1868, s’ouvre à Londres la Doré Gallery. L'accueil est triomphal de la part des Londoniens ! Son style de peinture, éclectique et encore marqué par le romantisme  , est bien à leur goût. Il fait même la connaissance du prince de Galles et de la reine Victoria, qui lui achètent une toile en 1870 ! Il rencontre aussi de grands maîtres de l'aquarelle anglaise, qu’il pratiquera après avoir découvert les paysages sauvages de l’Écosse.

Dessin portrait de Gustave Doré
Portrait de Gustave Doré

© Bourg-en-Bresse, musée du monastère de Brou

UN PEINTRE DE SON TEMPS

Au début de sa carrière, Gustave Doré s’inspire d’un imaginaire purement romantique. Il peint un Moyen Âge fantasmé, avec des fées, des chimères, une architecture gothique et un univers chevaleresque. Plus tard, il puise son inspiration dans les textes des ouvrages qu'il illustre, en les sublimant.


Dès ses premiers croquis, Gustave Doré décrit également la société et ses contemporains. Il reste sensible tout au long de sa carrière à la misère sociale. Dans ses illustrations il représente toutes les classes sociales, dans sa peinture il exprime sa sympathie pour le petit peuple. 

Témoin fidèle de son époque, il dessine tel un reporter. Il réalise nombre de croquis aux personnages amaigris et aux vêtements déguenillés, tout en créant des ambiances fantastiques, des clairs-obscurs dramatiques. 

Comme Victor Hugo qui l'admire, Gustave Doré partage avec lui cette volonté de décrire sa société, magnifiée par le romantisme.

Viviane et Merlin, tableau de Gustave Doré conservé dans les collections du musée des Beaux-Arts
Viviane et Merlin, tableau de Gustave Doré conservé dans les collections du musée des Beaux-Arts

© Louis Houdus

SON HÉRITAGE DANS L’ART

Si son travail a inspiré de grands artistes comme Rodin, Van Gogh ou encore Picasso, les visuels extrêmement forts de Gustave Doré ont aussi marqué le cinéma, la bande dessinée et l’animation

Côté cinéma, son univers est porté à l’écran dans La Belle et la Bête (1946) de Charles Perrault réalisée par Jean Cocteau, Oliver Twist (1948) d'après Charles Dickens de l'Anglais David Lean ou plus récemment dans les films de l’Américain Terry Gilliam

Gustave Doré est aussi précurseur de la bande dessinée et de l’animation. Il a même influencé le travail de Walt Disney ! Lors d’un voyage en Europe en 1935, Walt Disney cherche à créer une réserve d’images destinées à inspirer la production des studios. Le livre des Contes de Charles Perrault illustré par Gustave Doré est utilisé pour la réalisation du premier long métrage de Disney, Blanche-Neige et les Sept Nains (1937) et réutilisé par la suite pour Cendrillon (1950) et La Belle au Bois Dormant (1959).


Depuis la seconde moitié du XXe siècle, des artistes français et européens de bande dessinée, comme Mœbius, reconnaissent l'influence de Gustave Doré sur leur travail. Universelle, il n’est pas rare aujourd’hui de la retrouver dans des films d'animations, des jeux vidéo ou encore certains mangas.


Vous souhaitez en savoir plus ?  Découvrez ici l’exposition numérique consacrée à Gustave Doré

Quelques chiffres

  • 9 œuvres exposées au monastère royal de Brou,
  • dont 7 peintures et 2 sculptures auxquels s’ajoutent dessins, gravures et livres illustrés conservés en réserve
  • + de 220 œuvres de Gustave Doré conservées par la Ville de Bourg-en-Bresse

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