Incontournable

article | Temps de Lecture4 min

Étincelante toiture

La toiture de l'église du monastère royal de Brou, vue du ciel

En approchant du monastère royal de Brou, vous remarquerez immédiatement sa belle la toiture en tuiles polychromes. Élément majeur du monument, celle-ci a pourtant connu bien des malheurs !

Une toiture bourguignonne

De la silhouette élancée et brillante de l’édifice, vous verrez au premier coup d’œil les losanges de couleurs brunes, vertes, ocre et jaune clair qui ornent la toiture. 

Composée de deux versants pentus, elle est recouverte de tuiles vernissées    et colorées. Il en a fallu plus de cent cinquante mille pour couvrir les toits de la nef et du chœur de l’église ! 

Cette toiture « à la bourguignonne » rappelle certains édifices de la région voisine, comme l’hôtel-Dieu de Beaune ou le palais ducal à Dijon. Pour Marguerite d’Autriche, fondatrice du monument, c’est une manière de revendiquer aux yeux de tous le duché de Bourgogne, dont elle est l’héritière.

Détails des losanges de la toiture vernissée de l'église du monastère royal de Brou
Détails des losanges de la toiture vernissée de l'église du monastère royal de Brou

© Franck Paubel

LA TOITURE D’ORIGINE RESTE INCONNUE

À sa construction en 1532, la toiture était couverte de tuiles vernissées, plombées et peintes de plusieurs couleurs, disposées en forme de losanges. 

Mais nous ne savons pas exactement à quoi ressemblait la toiture à l’époque de la princesse. Il n’y a aucun dessin précis. Elle est seulement décrite dans un récit du père Raphaël de la Vierge Marie, le prieur de Brou au XVIIe siècle. 

Ce que l’on sait, c’est qu’elle était magnifique ! Quelques tuiles vernissées retrouvées dans les combles ou remployées dans les couvertures ont permis d’identifier les matériaux et les couleurs utilisées à l’époque.

Détails de la toiture vernissée de l'église du monastère royal de Brou
Détails de la toiture vernissée de l'église du monastère royal de Brou

© Franck Paubel

PLUSIEURS SIÈCLES DE CHANGEMENTS

Grâce aux études et à des analyses des charpentes et couvertures de la toiture, nous avons pu comprendre son évolution et celle de ses matériaux. 

L’église de Brou a en fait connu d’importants dégâts au fil des siècles ! Mauvaise conception, modifications de la structure, pillages, démolitions… 


En 1655, des rapports indiquent déjà que le toit de l’église est en très mauvais état. Mais c’est seulement en 1758 que de gros travaux vont être entrepris, par l’architecte lyonnais Antoine Michel Perrache. 

La silhouette du toit est complètement modifiée ! Pour la rendre plus résistante et moins coûteuse en bois, la charpente est abaissée et les tuiles vernissées disparaissent. Le toit devient alors « à la Mansart » : chaque versant du toit compte deux pentes différentes. 

Photo d'archive de la toiture de l'église du monastère royal de Brou avant sa restauration
Photo d'archive de la toiture de l'église du monastère royal de Brou avant sa restauration en 1998

© Ville de Bourg-en-Bresse (DR)

UNE TOITURE EMBLÉMATIQUE

Savez-vous qu’il a fallu attendre 1998 pour que l’église retrouve une toiture semblable à celle d’origine

En 1995, l’architecte en chef des Monuments historiques est autorisé, après de longues discussions, à restituer la toiture d’origine. 

Les ajouts du XVIIIe siècle ont été supprimés, la charpente du XVIe siècle a été restaurée et a retrouvé son profil d’origine ainsi que ses quatre couleurs. 

Aujourd’hui, cette toiture est devenue emblématique du monument, moins de trente ans après sa réalisation !

 

Détails de la toiture de l'église du monastère royal de Brou surplombant le premier cloître
Détails de la toiture de l'église du monastère royal de Brou surplombant le premier cloître

© Franck Paubel

à découvrir aussi